L'eau c'est la vie


Au cas où certains ne l’auraient pas remarqué, il a fait chaud et sec depuis le début de l’année. Sec au point que la Drôme soit placée en différents niveaux d’alerte sécheresse durant les mois de mai, juin, et probablement pour le reste de l’été.


Or l’eau, c’est un petit peu l’or des maraîchers.

Les légumes, sans eau, c’est vraiment pas évident à faire pousser.


Cette pénurie d’eau est inquiétante à bien des égards. Aucun territoire ne saurait se passer de cette ressource vitale, et le problème semble être de plus en plus flagrant dans tous les pays du monde. Le cycle de l’eau, et notamment celui de l’eau douce potable, est en train d’être profondément bouleversé.


Aux Jardins Nourriciers, nous n’avons pas la solution ultime, et encore moins la capacité d’influer de manière significative sur ce problème. Par contre, nous pouvons faire notre part, et contribuer à une meilleure gestion et préservation des ressources en eau dont nous disposons.


On aimerait ainsi vous parler de deux ou trois petits détails, qui visent à préserver la ressource, et que vous pouvez observer dans nos jardins.


Machu Pichu ça vous parle ? Les rizières asiatiques ? Vous avez probablement déjà aperçu des photos de cultures agricoles sur terrasses, qui suivent le contour des pentes et montagnes en dessinant de magnifiques courbes. C’est des cultures sur courbe de niveau.

Et bien nous aussi, aux Jardins Nourriciers, on aime bien cette façon de faire.


Au lieu d’implanter nos cultures dans le sens de la pente, ce qui favorise un écoulement de l’eau pluviale très rapide et une forte érosion des sols, la culture sur courbe de niveau fait l’exacte inverse. L’eau pluviale, au lieu de ruisseler à toute vitesse, trouve le temps de s’infiltrer dans les sols à l’endroit où elle est tombée.


Avis aux jardiniers de l’asso, observez la façon dont nous avons aménagé nos jardins des « Charles », le « triangle », le « permacol » et même le jardin potager de Simone à Ste-Croix. On veut freiner l’eau, et lui permettre de s’infiltrer profondément à proximité de nos cultures.

Si cela en intéresse certains, nos jardiniers pourront vous présenter un outil particulièrement intéressant, le « niveau égyptien », qui permet d’identifier les courbes de niveau d’un terrain !

Hélas, le fait de freiner l’écoulement de l’eau n’est pas toujours suffisant.

S’il ne pleut pas pendant deux mois, les terrasses seront sèches, comme tout le reste.


C’est ainsi que cette année, nous avons souhaité essayer une autre technique de culture visant à réduire nos besoins en arrosage : la bâche. Vous savez, ces fameuses bâches dont nous vous avons déjà parlé, celles qui nous permettent de couvrir nos sols en hiver, de maintenir une vie du sol active même par grand froid, qui permettent de réchauffer nos sols aux printemps et surtout, qui permettent d’affaiblir le chiendent, liseron et autre potentille qui essayent inlassablement d’envahir nos cultures.




Et bien ces bâches, on leur découvre progressivement une nouvelle utilité, celle de créer un cycle continu d’arrosage naturel.


On s’explique. Au lieu de débâcher nos terrains, nous les avons laissés couverts. On a pris nos petits couteaux, on a fait des trous et on a planté dans la bâche.

À la base, c’était surtout pensé pour limiter l’enherbement. Mais ce qu’on observe est très, très, très encourageant.


La bâche chauffe, surtout pendant un printemps-été caniculaire comme celui que nous avons connu cette année. L’humidité des sols remonte alors vers la bâche, mais au lieu de s’évaporer comme elle le ferait sur un sol nu, cette eau se condense sous la bâche, et se restitue au sol comme un arrosage.


En gros, nos cultures de tomates de plein champs, nos champs de courge, nos cultures de maïs, n’ont quasiment jamais été arrosés de toute la saison. Et les sols, sous la bâche, sont humides en profondeur ! Camille, notre super animateur jardinier, ne parle plus de bâches, mais de la bâcha-mama. C'est dire... 


On est content de le constater, alors ça nous tenait à cœur de vous le partager.




Nous pourrions approfondir cette question encore longtemps. Vous parler des bienfaits du paillage, de l’apport de matière organique dans les sols, du rôle des champignons. On pourrait aussi détailler comment aux JN, on essaye d’arroser le moins possible, comment on progresse dans la production de nos propres semences, et comment nous essayons de les sélectionner aussi en fonction de leur résistance à la sécheresse…


On pourrait, et on devra. Puisque la raréfaction de l’eau n’est pas un sujet qui disparaîtra. Alors croyez le, aux Jardin Nourriciers, on prend ça au sérieux. L’eau c’est la vie, et ça nous concerne aussi !