Rencontre avec Jacky et Renée Segond

Les Jardins Nourriciers se fixent pour objet de « favoriser la (re)mise en culture et la valorisation de la terre en jardins nourriciers, solidaires et responsables vis-à-vis de la nature… » (extrait des statuts de l’association). Ce but étant affiché, des propriétaires de terrain confient leurs parcelles, et ce n’est pas rien de leur part. Surtout à une association, laquelle prône l’échange, l’entraide et la mutualisation de biens, de connaissances et de ressources.

Nous avons voulu en savoir plus sur les motivations profondes de ces propriétaires de terrain, savoir qui ils étaient.

Rencontre avec Jacky et Renée (l’Hermite, Marignac-en-Diois).

Les Jardins Nourriciers étaient nos voisins. Pierre-Julien nous en avait parlé, qu’ils cherchaient du terrain. Nous lui avons dit : cette moitié, on ne la fait plus. Lui cherchait, nous on proposait, ça ne nous a rien enlevé. Et puis c’est une belle façon pour quelqu’un de l’utiliser. On a quand même aimé ce côté de vouloir re-utiliser. Le côté associatif, on a aimé aussi, mais surtout c’était un beau projet, tirer profit de ce qui ne servait plus à personne. Notre fille, ça lui a plu aussi. Pour elle, cette idée était géniale. Il y a aussi qu’on aime bien faire plaisir aux autres.

Ce premier soutien, d’un couple reconnu et estimé à Marignac, donne du poids au projet. Mais le développement d’une agriculture vivrière collective et solidaire, ce n’est pas une petite affaire, Jacky et Renée le savent.

Je deviens plus optimiste en voyant les résultats. Oui, il va falloir y arriver ensemble. Mais l’agriculteur est encore un terrien très personnel. De l’entraide il y en avait un peu, autrefois, surtout pour battre… la batteuse à l’ancienne, ça s’est fini dans les années 50. Jusque dans les années 70 il y avait la coupe de la lavande à la main. Le ramassage des noix, c’était aussi le côté festif de se réunir. Alors ce projet, le côté association, les chantiers participatifs, ça peut faire peur. Et puis finalement on voit que ça se passe bien, qu’il y a des résultats.

Pérenniser le travail collectif sur des parcelles dispersées, bonifier des sols devenus des prairies, soutenir l’autoproduction alimentaire à l’échelle locale, c’est s’engager dans un combat de longue durée. Mais n’est-ce pas déjà le cas depuis toujours ?

De mon expérience d’agriculteur, tous les dix ans il fallait se remettre en question. Innover avec de nouveaux produits. La vigne a permis d’avancer dans le Diois. L’élevage, comme on faisait nous, c’est plus dur. Il y a de l’incertitude. Ce n’est jamais facile. Pour les Jardins Nourriciers, il faut déjà garder les personnes qui mangent les légumes, les « clients »… On en perd, on en regagne. Et puis la météo. Pouvoir fournir malgré la météo.

Les Jardins Nourriciers s’inscrivent dans une longue histoire où l’homme cherche des solutions à son échelle, une échelle encore humaine. Mais laissons Jacky et Renée conclure cet article :

J’aimerais que ça fonctionne pour Les Jardins Nourriciers. Mais aussi pour démontrer qu’on peut y arriver.

Témoignage recueilli par Philippe Mouly

Renée et Jacky devant la "Ferme de l'Hermite" Un jardinier dans la parcelle mise à disposition

Jacky pendant la récolte des pommes de terre